Le Parlement adopte une loi sur la protection des personnes qui signalent des violations

03/05/23

En bref

Le 17 mai 2023, la loi transposant la directive (UE) 2019/1937 du Parlement européen et du Conseil a été publiée au Journal officiel luxembourgeois.

La nouvelle loi (« la Loi ») impose aux entités des secteurs financier, privé et public de mettre en place des canaux de signalement interne. Étant donné que la Loi va bien au-delà des exigences existantes, de nombreuses entités concernées devront mettre à jour leurs systèmes, voire en mettre en place de nouveaux.

Vue d’ensemble

La directive (UE) 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l'Union a été adoptée le 23 octobre 2019 et aurait dû être transposée par chacun des États membres au plus tard le 17 décembre 2021. Elle met l'accent sur la protection des auteurs de signalement contre toutes formes de représailles et devrait ainsi encourager l'identification et la rectification d’actes répréhensibles.

Le Luxembourg a présenté un projet de loi en janvier 2022, que nous avons couvert dans un précédent article

Aujourd'hui, le Luxembourg est l'un des derniers pays de l'UE à adopter une loi dans ce domaine. Comme c’est le cas dans d'autres pays, la Loi va au-delà du champ d'application initial de la directive.

Quelles sont les entités concernées ?

L’article 6 précise que les entités des secteurs privé et public doivent établir des canaux de signalement interne. Néanmoins, les entités du secteur privé qui comptent moins de 50 employés en sont exemptées. Cette règle ne s'applique pas au secteur public et donc toutes les entités du secteur public sont concernées, y compris les communes de 10 000 habitants ou plus.

De plus, toutes les entités du secteur financier et les entreprises sensibles au blanchiment de capitaux doivent appliquer la Loi indépendamment du nombre d'employés. 

Les entités entrant dans le champ d'application de la Loi sont multiples et cela est particulièrement vrai pour celles qui exercent leurs activités dans le secteur financier et public, où les exigences réglementaires actuelles ne sont pas aussi détaillées et strictes. 

La non-mise en place de canaux de signalement interne peut entraîner une amende pouvant aller jusqu'à 250 000 €.

Qu'est-ce qui peut être signalé ?

Les informations obtenues dans un contexte professionnel sur des actes ou des omissions illicites ou qui vont à l'encontre de l’objet ou de la finalité des dispositions du droit national ou européen d’application directe peuvent être signalées. Cela concerne donc toutes sortes d'infractions et ne se limite pas à la seule criminalité financière. Les personnes qui feraient de fausses déclarations sont passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 50 000 €.

Qui peut faire un signalement ?

Les signalements peuvent être effectués non seulement par les travailleurs actuels, mais également par d’anciens travailleurs, de potentiels futurs travailleurs, des bénévoles, des stagiaires, des travailleurs indépendants, des actionnaires et des membres de l’organe d’administration ainsi que des travailleurs sous la direction de contractants, de sous-traitants et de fournisseurs. La Loi s'applique également aux fonctionnaires. 

Il ne suffira donc pas de mettre en place un canal interne, puisque le public visé va au-delà du personnel interne.

Comment les signalements sont-ils gérés ?

La Loi précise un certain nombre de critères pour la conception des canaux de signalement interne, en particulier concernant la garantie de la confidentialité de l’identité de l’auteur de signalement. En outre, l’article 7 dispose de procédures précises pour la gestion et le suivi des signalements, avec des délais de traitement. De plus, il exige la désignation d’une personne ou d’un service impartial afin de communiquer avec l’auteur de signalement.

Comment les auteurs de signalement sont-ils protégés ?

Conformément à l’article 27, les personnes qui signalent des violations en utilisant les canaux de signalement interne seront protégées contre toute forme de représailles de la part de leur employeur, y compris le licenciement et le refus de promotion ou de formation. Les personnes qui exercent des représailles à l'encontre des auteurs de signalement sont passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 25 000 €.

Quelles mesures les entités entrant dans le champ d’application de la Loi devraient-elles prendre ?

Toutes les entités concernées devront soit revoir leur approche et leurs systèmes existants, soit en mettre de nouveaux en place. Les nouvelles exigences légales vont très loin et nécessiteront souvent des modifications importantes des approches existantes.

Dans les deux cas, diverses parties prenantes auront un rôle à jouer afin de définir la structure de gouvernance et les différents rôles et responsabilités liés aux canaux internes, tels que le service responsable, les lignes hiérarchiques et les procédures spéciales pour traiter les cas concernant les cadres supérieurs ou les membres du conseil d'administration. 

La rédaction, la revue et l'approbation des politiques et des procédures nécessiteront du temps et éventuellement un soutien juridique, ainsi que la participation du délégué à la protection des données (DPD) et le cas échéant, de la délégation du personnel.

Il est recommandé de soutenir la mise en œuvre par une campagne de communication et de formation spécifique afin d'expliquer l'utilisation du système et de souligner la protection des auteurs de signalement. 

Enfin, les entités devraient déterminer si les canaux internes peuvent être gérés à l'aide d'un logiciel. Cela n'est pas obligatoire, mais peut faciliter la gestion des dossiers et permettre de se conformer aux exigences en matière de documentation et d'établissement de rapports.

Comment pouvons-nous vous aider ?

Nos équipes combinent des experts dans le traitement des alertes et l'organisation d'enquêtes ainsi que des experts en réglementation afin de : 

  • vous soutenir dans la révision de vos politiques et procédures existantes ou vous aider à les élaborer ;

  • vous soutenir dans la conception de vos formations – pour tous les employés concernant l'utilisation des canaux internes, mais aussi pour le personnel dédié au suivi des signalements ;

  • vous conseiller dans la mise en place d'une solution interne pour vos canaux de signalement ou sur le choix d'un fournisseur externe qui réponde à vos besoins ; 

  • vous aider à évaluer si un signalement entrant est fondé, c'est-à-dire s'il doit faire l'objet d'une enquête plus approfondie. Dans ce cas, nous pouvons vous accompagner tout au long du cycle de vie de l'enquête. 

  • vous accompagner dans l'exploitation et le traitement des alertes de votre système de signalement en tant que service géré (« managed service ») avec des experts dédiés.

En collaboration avec notre partenaire JBR, EQS Group, un fournisseur de premier plan de solutions logicielles de lancement d’alerte, nous pouvons vous aider à mettre en œuvre l'outil et vous proposer des services gérés (« managed services ») pour l'exploitation de votre système de signalement et le premier filtrage des alertes entrantes, en étroite collaboration avec vous.

Contact us

Michael Weis

Advisory Partner, Forensics & Anti-Financial Crime Leader, PwC Luxembourg

Tel: +352 49 48 48 4153