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Télétravail, pluriactivité et détachement : Mise à jour des obligations déclaratives depuis le 2 avril 2024

  • Friday, April 12, 2024

Introduction

Depuis le 1er juillet 2023, le télétravail frontalier est à nouveau soumis à des obligations déclaratives spécifiques. Les employeurs luxembourgeois doivent déclarer ces situations de télétravail aux institutions compétentes en vue de déterminer l'état compétent en matière de sécurité sociale (Luxembourg ou pays de résidence du salarié) et d'obtenir les certificats d'affiliation y relatifs. Ces obligations s'étendent également à d'autres catégories de travailleurs opérant hors du Luxembourg, tels que les travailleurs détachés, les employés en déplacement professionnel, les fonctionnaires, les chauffeurs internationaux, les marins, les pilotes et le personnel navigant.

Dans ce cadre, le Centre Commun de la Sécurité Sociale (CCSS) a annoncé l'introduction de nouvelles procédures de déclaration pour les activités professionnelles exercées à l'étranger, qui ont pris effet depuis le 2 avril 2024. Ces mises à jour visent à intégrer les nouvelles formes de travail à distance et à adapter les formulaires pour recueillir des informations plus détaillées sur la situation d'emploi des salariés. De plus, le système SECUline a été mis à jour pour permettre aux employeurs luxembourgeois occupant une population frontalière importante d’injecter les données pour l’ensemble de leurs salariés.

Changements à partir du 2 avril 2024

1. Pluriactivité et télétravail frontalier

Accord-cadre pour le télétravail entre 25 % et 50 % du temps de travail
  • Champ d'application : Cet accord s'applique au télétravail relevant de l'article 16 du Règlement (CE) n° 883/2004 sous réserve que toutes les conditions fixées par l'accord-cadre soient remplies. Cet accord dérogatoire ne s'applique qu'aux personnes dont l'état de résidence et l'état où leur employeur est établi sont tous deux des états signataires (https://socialsecurity.belgium.be/fr/activites-internationales/teletravail-transfrontalier-dans-lue).
  • Procédure : Les demandes doivent être adressées au CCSS en tant qu’institution compétente qui évalue si les conditions de l'accord-cadre sont remplies. Le cas échéant, le CCSS délivre un certificat A1 et l'institution compétente de l'état membre de résidence du salarié est notifiée électroniquement via le système d'Échange Électronique d'Informations sur la Sécurité Sociale (EESSI).
  • Modalités pratiques : A compter du 2 avril 2024, l'employeur ou son mandataire doit soumettre une demande électronique via SECUline ou remplir le nouveau formulaire. La plateforme électronique initialement développée par le CCSS n’est plus accessible.
Télétravail et pluriactivité représentant moins de 25% du temps de travail
  • Champ d'application : Cette situation concerne les travailleurs en situation de pluriactivité et/ou de télétravail relevant de l'article 13 du Règlement (CE) n° 883/2004 et exerçant leurs activités habituellement dans deux ou plusieurs états membres de l'Union Européenne (UE), de l'Espace Économique Européen (EEE), en Suisse ou au Royaume-Uni.
  • Procédure : L'organisme compétent du pays de résidence du travailleur détermine la législation applicable. Si la législation luxembourgeoise est applicable, le CCSS est notifié via le système EESSI et délivre alors un certificat A1.
  • Modalités pratiques : La procédure règlementaire reste en place conformément à l'article 16 du Règlement (CE) n° 987/2009. Elle doit être initiée auprès de l'organisme compétent du pays de résidence de l'employé. Le CCSS peut également agir en tant qu'intermédiaire si l'employeur ou son mandataire soumet une déclaration électronique via SECUline ou remplit le nouveau formulaire.
Télétravail relevant d’un détachement
  • Champ d'application : Télétravail tombant dans le champ d’application de l’article 12 du Règlement (CE) n° 883/2004 représentant 100% de télétravail et applicable pour une durée provisoire en raison de circonstances particulières (par exemple, bureaux inaccessibles, situation personnelle de l’employé nécessitant une présence accrue au domicile, etc..).
  • Procédure : Une demande préalable doit être soumise au CCSS en tant qu’institution compétente qui évalue si les conditions du détachement et de maintien sous le régime luxembourgeois de sécurité sociale sont remplies. Le cas échéant, le CCSS délivre un certificat A1 et l'institution compétente de l'état membre de résidence du salarié est notifiée électroniquement via le système EESSI.
  • Modalités pratiques : L'employeur ou son mandataire doit soumettre une demande électronique via SECUline ou remplir le nouveau formulaire.

2. Détachement en dehors du Luxembourg

Détachement dans un autre état membre de l'UE, de l'EEE, la Suisse ou le Royaume-Uni
  • Champ d'application : Le détachement de travailleurs hors du Luxembourg est régi par l'article 12 du Règlement (CE) n° 883/2004 lorsqu'il s'agit d'un état membre de l'UE, de l'EEE, la Suisse, et pour une durée initiale qui ne dépasse pas 24 mois. Concernant le détachement vers le Royaume-Uni, les conditions sont spécifiées dans l'article SSC.11 de l'accord de commerce et de coopération qui a été signé le 30 décembre 2020.
  • Procédure : Une demande préalable doit être soumise au CCSS qui est l'institution compétente pour déterminer si le salarié peut rester affilié au régime de sécurité sociale du Luxembourg pendant le détachement. Si les conditions sont remplies, le CCSS émet un certificat A1 et l'institution compétente de l'état membre de résidence du salarié est notifiée électroniquement via le système EESSI.
  • Modalités pratiques : L'employeur ou son mandataire doit soumettre une demande au CCSS soit via le système SECUline ou remplir le nouveau formulaire.
Détachement dans un état conventionné
  • Champ d'application : Le détachement de salariés vers un état avec lequel le Luxembourg a conclu une convention bilatérale de sécurité sociale est encadré par les dispositions de cette convention. Ces accords bilatéraux définissent les règles applicables aux salariés détachés, notamment en ce qui concerne leur affiliation à la sécurité sociale. Pour identifier les pays ayant signé de telles conventions avec le Luxembourg, il est nécessaire de consulter la liste mise à disposition sur le site de la sécurité sociale luxembourgeoise.
  • Procédure : Une demande préalable doit être soumise au CCSS qui est l'institution compétente pour déterminer si le salarié peut rester affilié au régime de sécurité sociale du Luxembourg pendant le détachement. Si les conditions sont remplies, le CCSS émet un certificat d’affiliation.
  • Modalités pratiques : L'employeur ou son mandataire doit soumettre une demande au CCSS soit via le système SECUline ou remplir le nouveau formulaire.
Détachement dans un état non conventionné
  • Champ d'application : Le détachement de salariés vers un état avec lequel le Luxembourg n’a pas conclu une convention bilatérale de sécurité sociale est encadré par les dispositions du code de sécurité sociale luxembourgeois.
  • Procédure : Une demande préalable doit être soumise au CCSS qui est l'institution compétente pour déterminer si le salarié peut rester affilié au régime de sécurité sociale du Luxembourg pendant le détachement. Si les conditions sont remplies, le CCSS émet un certificat d’affiliation.
  • Modalités pratiques : L'employeur ou son mandataire doit soumettre une demande au CCSS soit via le système SECUline ou remplir le nouveau formulaire.

Conclusion

Les situations de pluriactivité qui ne sont pas encore régularisées depuis le 1er juillet 2023 (ou le début de la situation d’emploi) peuvent être déclarées via les nouveaux formulaires mis à disposition par le CCSS.

Il est important de souligner que la période de transition définie par l'accord-cadre prendra fin le 30 juin 2024. Après cette date, il ne sera plus possible de solliciter un accord-cadre pour la période allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024.

De plus, à compter du 1er juillet 2024, la possibilité de rétroactivité de l’accord-cadre sera restreinte à une durée de trois mois. Cela implique que pour les télétravailleurs frontaliers qui n'auront pas été déclarés avant le 1er octobre 2024, l'opportunité de bénéficier de l'augmentation du seuil de télétravail autorisé à 49% ne sera plus disponible.

Il est donc crucial pour les employeurs et leurs mandataires de prendre dès à présent les dispositions adéquates afin de sécuriser la situation des salariés concernés.